La conférence qui s'est déroulée hier après-midi à l'Hôtel de Ville à l'initiative de la Municipalité et de deux associations Agora Karayib et Acadom sur "Outre-mer français : Analyse spectrale d'une crise" était très riche d'enseignements sur la situation dans les DOM.
Sur la crise récente, on a rappelé le problème de la "vie chère" : des produits plus chers qu'en métropole et parallèlement des salaires plus bas (45% de la population en-dessous du seuil de pauvreté). Mais tout l'intérêt de la conférence était de dépasser cette vision trop réductrice des causes du conflit et d’apporter des clés de compréhension aux auditeurs présents.
Tout d'abord, les intervenants ont tenu à tordre le cou à une idée reçue sur la notion d'assistanat en soulignant ce point essentiel et trop ignoré : "Les flux financiers sont toujours au bénéfice de la France hexagonale". Rien que les prélèvements sur les produits de consommation représentent le triple de ce qui est versé aux DOM. Et pour ceux qui seraient tentés de "lâcher" les DOM, rappelons l'existence de pétrole au large de la Martinique et de la Guyane...
Par ailleurs, les intervenants ont souligné la survivance d'une économie de type colonial (prélèvement des matières premières, pas de transformation sur place, déclin de la production locale, existence de monopoles...) avec la pénurie d'emplois qui s'ensuit, l'impossibilité pour les jeunes diplômés de trouver sur place des postes à la hauteur de leur qualification, une discrimination à l'embauche (tous les postes importants sont tenus par les blancs)...
Enfin il faut savoir que les DOM - de création relativement récente (1946)- ont certaines spécificités : secrétariat d'Etat aux DOM, instituts d'émission d'outre-mer qui contrôlent la monnaie, prime de vie chère versée à tous les fonctionnaires créant de fait une bourgeoisie de consommation, il faudra attendre 2005 pour que les prestations sociales soient alignées sur le taux de l’hexagone.... D’où le sentiment pour leurs habitants de ne pas être considérés tout à fait comme des Français comme les autres.....
Les Guadeloupéens, Guyanais, Martiniquais et Réunionnais demandent donc plus de transparence (où passent les subventions et comment se constituent la formation des prix), plus d'équité, et une reconnaissance de leurs identités propres. Ils espèrent quelques avancées lors des Etats-Généraux annoncés par le président de la république qui seront organisés en avril et mai prochains. (DW)
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Photos : A la tribune (de gauche à droite) Philippe Taverny, conférencier, Hector Quidal, collectif continuité LKP, Jean-Pierre Chaville (vice-président d'Agora Karayib), Henri Hazaël-Massieux, écrivain et haut-fonctionnaire à la retraite, Claude-Alexandre Eclar (présentateur), Manuel Allamellou (conseiller municipal, vie associative, devoir de mémoire), Gilles Catoire (Maire de Clichy), Michel Giraud, anthropologue et sociologue, Pascal Athor (président d'Acadom)
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